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Myoland
6 mai 2009

Hadopi : Naufrage des artistes

Par Samuel, lundi 4 mai 2009

Poursuite de la préparation d'artillerie des pro-hadopi, avec une lettre ouverte à Martine Aubry, de la part d'artistes se disant "de gauche". Ce texte est écrit par l'industrie culturelle, en aucun cas par ces "artistes". Et son contenu est un aveu éclatant de la véritable stratégie de l'industrie culturelle.

"La gauche - notre famille - c'était le refus d'un ordre purement marchand". En attaquant Hadopi, le PS aurait tourné le dos à ce refus d'un ordre purement marchand. C'est franchement à hurler de rire, car justement, Hadopi, c'est un ordre purement marchand imposé par les industries culturelles ! Et c'est le refus d'Hadopi qui est dans la droite ligne de ce refus du "tout-marchand". Un contre-sens complet !

La suite est très révélatrice, puisque ces fameux artistes accusent les opérateurs de télécommunications de piller la création. Tient donc, ce ne sont donc plus les internautes qui pillent ? C'est un aveu clair et net de l'industrie culturelle que son véritable but, ce sont les industries des télécoms. Ils ne s'en cachent même plus ! Hadopi, finalement, on s'en fout. L'important est ailleurs, notamment dans l'article 5 du texte, déjà voté conforme donc définitivement adopté : "Art. L. 336-2. - En présence d'une atteinte à un droit d'auteur ou à un droit voisin occasionnée par le contenu d'un service de communication au public en ligne, le tribunal de grande instance, statuant le cas échéant en la forme des référés, peut ordonner à la demande des titulaires de droits sur les oeuvres et objets protégés, de leurs ayants droit, des sociétés de perception et de répartition des droits visées à l'article L. 321-1 ou des organismes de défense professionnelle visés à l'article L. 331-1, toutes mesures propres à prévenir ou à faire cesser une telle atteinte à un droit d'auteur ou un droit voisin, à l'encontre de toute personne susceptible de contribuer à y remédier." Cet article, c'est l'outil des industries culturelles pour saisir le juge et lui demander d'enjoindre ceux qui sont susceptibles de contribuer (les éditeurs ou à défaut, les hébergeurs) à la cessation de l'atteinte à leurs droits. Que le reste soit inapplicable et inappliqué, cela n'a plus aucune importance, la chasse au petits téléchargeurs, c'est du bonus.

Dans cette affaire, presque tout le monde arrivera à s'en tirer. Les internautes d'abord, pour qui Hadopi sera tout au plus un épouvantail à moineaux, vu que les sanctions ne seront pas mises en oeuvre. Les industries culturelles auront atteint leur but, à savoir rééquilibrer leur position vis-à-vis des industries de télécoms dans leur bataille de titans pour le contrôle du business sur internet. Les industries des télécoms pourraient apparaitre perdantes, mais en fait, elles tireront très bien leur épingle du jeu, car le but ultime de tous ces acteurs, c'est le filtrage généralisé, qui permet de contrôler complètement le système. Il y a trop d'argent en jeu pour rigoler et laisser de trop grands espaces de liberté. Je ne parle pas ici de contrôle politique, juste pognon. Cette loi, c'est le début du filtrage, et la seule chose qui retarde sa mise en place, c'est de savoir qui va l'assumer politiquement. En effet, le filtrage va à l'encontre de la philosophie du net et de ses utilisateurs et vaudra une impopularité, voire une haine durable à celui qui osera le réclamer ouvertement. Industrie culturelle, industrie télécoms et pouvoirs politiques se refilent la patate chaude en espérant que ce soit un autre qui fasse le sale boulot. Mais ne nous leurrons pas, tous y ont intérêt.

En fait, les grands perdants, ce sont les artistes qui ont pris fait et cause pour hadopi. Ils n'ont rien à y gagner, car le téléchargement ne touche que très marginalement leurs revenus. Ce qui compte, c'est le contrat qu'ils ont avec leur producteur, c'est ce qu'ils peuvent arriver à tirer de leur éditeur et de leur société de gestion de droits. En se lançant ainsi dans un combat qui n'étaient pas le leur, ils se sont décrédibilisés auprès de leur public. Si les députés peuvent parfois être des godillots, que dire des artistes...

Source : authueil.org

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Commentaires
W
1- D’un côté, nous avons une industrie culturelle déclinante n’assumant pas le proxénétisme économique et la pandémie infantilisante qu’elle exerce sous le regard de son débiteur. Celui-ci est à la fois une fondation philanthrope de gestion nationale et une entreprise d’import/export.<br /> 2- De l’autre côté, nous avons une infinité de niches de population n’ayant rien à voir les unes avec les autres, mais faisant front par principe de précaution. Nous prouvant par la même occasion à quel niveau de léthargie se trouvent nos sociétés occidentales pour qu’un luxe devienne une lutte nécessaire.<br /> 3- Au centre, se trouve le gros du troupeau qui n’a pas d’avis et fait preuve d’intelligence situationniste ou d’indifférence banale sur ce combat qui est à la fois d’avant-garde et d’arrière-cour.<br /> 4- Dans toutes les batailles, il y a des pertes acceptables. Mais comme nous ne prenons plus plaisir à nous salir les mains avec une de ces barbaries ancestrales, les invectives servent de nos jours de courroux médiatique ou de Hit Combo virtuel pour le bonheur des voyeurs générationnels et des lâches éternels.<br /> 5- Quand on pratique l’affrontement constant ou la paix commémorative pour occuper son temps, c’est que l’on est plus en mouvement. Alors la guerre civile des flux a-t-elle un sens ?<br /> La suite ici :<br /> http://souklaye.wordpress.com/2009/03/13/creation-internet-et-insultes-gratuites/<br />
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